Moins d’une journée après leur interdiction, les puffs reprennent vie… dans l’ombre. Libérées des règles, elles circulent librement dans un marché noir qui ne cesse d’innover. Une preuve flagrante de l’inefficacité des mesures actuelles ?
Interdire un produit qui a de la valeur ne le fait pas disparaître. Cela le pousse simplement à changer de circuit. Une leçon que les gouvernements, semble-t-il, refusent d’apprendre. Car dès qu’une interdiction entre en vigueur, le marché noir s’organise – libéré de toute contrainte réglementaire. Quitte à être hors-la-loi, autant ignorer toutes les règles.
Alors, quand l’interdiction des puffs a été votée, les experts du secteur n’ont pas mis longtemps à se poser la question : combien de temps avant que la vente parallèle prenne le relais ? Réponse : elle était déjà en train de se mettre en place. Avant même le vote définitif de la loi, les réseaux s’activaient. En réalité, on pourrait dire que le marché noir des puffs existait… avant même le produit lui-même.
En 2019. Sur les réseaux sociaux, des influenceurs peu scrupuleux font la promotion des vapes jetables. À l’appui : des liens vers des boutiques en ligne étrangères, souvent basées en Chine.
L’arrivée massive des puffs en boutiques physiques n’est alors qu’une réponse au marché souterrain déjà existant. Les marques officielles voient une opportunité : reprendre la main sur un produit rentable. Buralistes, vape shops, magasins de déco ou de gadgets s’engouffrent dans la brèche. On trouve même des puffs en vente aux caisses de certains grands réseaux de magasin français sans aucun contrôle.
C’est cette accessibilité, couplée à des prix très compétitifs, qui avait fini par faire reculer le marché noir des puffs… la première fois. Ironie de l’histoire : en les interdisant, on vient simplement de relancer la machine. Retour à la case départ, mais avec de nouveaux codes.
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Quand le marché noir de la puff s’organise : Logistique, distribution, communication
Le directeur de réseaux de boutique de vape bien installé ne s’attendait certainement pas à ce genre de message en ouvrant sa messagerie pro ce matin-là. Une marque chinoise y allait franco : elle lui proposait de distribuer des puffs… spécifiquement pour le marché noir.
Et visiblement, il n’était pas le seul dans le viseur. Plusieurs gérants de boutiques nous ont rapporté avoir reçu des sollicitations similaires. Tous disent avoir décliné l’offre, parfois avec fermeté, parfois avec plus de diplomatie.
Marché noir de la puff : des commerçants cèdent à la tentation
Mais selon Sébastien (nom changé), gérant d’un magasin de vape dans le Var, tout le monde n’a pas résisté.
« Une boutique à quelques kilomètres d’ici a accepté. J’ai eu des ados dans mon magasin qui me disaient qu’ils pouvaient en acheter là-bas, et ils me provoquaient presque avec ça. Je sais que ce commerce galère financièrement, mais franchement, jouer avec le feu comme ça… Si les autorités tombent dessus, c’est la fin. Et non, je ne donnerai pas de nom. Ce n’est pas mon rôle. »
Trafic de puffs : des fournisseurs chinois introuvables derrière les ventes illégales
Quand on tente de remonter à la source, l’affaire se brouille. L’entreprise existe officiellement, elle fabrique bien des puffs pour le marché local chinois et des pods à destination internationale. Mais quand on essaie de la contacter pour en savoir plus, silence radio. Le numéro WhatsApp fourni ne répond plus, et si le site web est actif, rien ne permet de confirmer une quelconque implication directe dans ce trafic.
Alors, vraie entreprise ou faux contact ? Service parallèle, ou pure arnaque utilisant une marque réelle ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est que le réseau d’approvisionnement, lui, semble déjà bien en place.
Puffs et mineurs : quand le marché noir devient un terrain d’apprentissage
Audrey Le Fur, fondatrice de la boutique O Mon Vapô, installée à Montpellier et en ligne, n’a jamais été contactée par des fournisseurs clandestins. En revanche, elle a reçu des clients inattendus.
« Des adolescents sont venus nous voir en demandant si on vendait encore des puffs. Ils avaient un projet : lancer un petit trafic au sein de leur établissement scolaire. »
Devant l’absurdité de leur plan, l’équipe les a renvoyés sans ménagement. Une scène presque comique… mais qui ne fait sourire que parce qu’elle est restée sans suite.
Trafic de puffs en milieu scolaire : les réseaux sociaux en première ligne
Plus au nord, dans une boutique de la région parisienne, un autre commerçant, qui préfère taire son nom, confirme que ce genre de scène est loin d’être isolée.
« Près du collège-lycée d’à côté, il y a carrément un petit marché de la puff dans la cour. C’est devenu banal. »
Sur l’origine de ces produits, il n’a pas de preuve, mais une intuition claire :
« Instagram, TikTok, les jeunes trouvent encore facilement des vendeurs qui proposent des puffs en provenance directe de Chine. Et parfois, les grands frères s’en mêlent… Quand tu fais déjà venir des produits plus lourds comme de la coke ou du crack, importer des puffs, c’est un jeu d’enfant. »
De la puff à l’économie parallèle : un apprentissage précoce du trafic
Sa plus grande inquiétude : que cette familiarisation précoce avec les mécanismes de la vente illégale serve de tremplin vers d’autres trafics, bien plus dangereux.
Un scénario qui, pour l’instant, semble surtout se produire dans des quartiers déjà marqués par la présence de réseaux structurés, où la puff devient juste un maillon de plus dans une chaîne bien rodée. Ici, le problème dépasse largement la vape jetable : c’est toute une mécanique de l’économie parallèle qui est en jeu.
Heat version puff : les dessous du trafic organisé
Difficile de ne pas entendre, en fond, le fameux “on vous avait prévenus”. L’interdiction des puffs, loin de freiner leur diffusion, a surtout ouvert la voie à un marché parallèle hors de tout cadre légal — et donc hors de tout contrôle sanitaire. Dans bien des cas, ce trafic s’ajoute simplement aux réseaux déjà existants, comme une ligne de plus sur un catalogue officieux.
Marché noir de la puff : chaînes de production chinoises et faibles contrôles douaniers
Le fonctionnement est limpide : en Chine, seule la vape jetable est autorisée. Les chaînes de production sont donc déjà rodées, prêtes à alimenter en masse les marchés étrangers. Les marges sont confortables, les risques faibles, et les douanes, débordées, peinent à suivre. Résultat : la tentation est grande pour les petits trafiquants de se lancer, d’autant que la demande reste bien vivante
Pourquoi l’interdiction des puffs alimente un marché noir impossible à freiner.
Un produit accessible à bas coût, une logistique en place, des profits assurés, et des sanctions improbables : tout est réuni pour que le système prospère.
À ce stade, on pourrait espérer que cette réalité serve de leçon aux législateurs. Mais comme on l’a vu en début d’article, cela fait des millénaires qu’on tente de leur expliquer les effets de l’interdiction pure. Et manifestement, le message ne passe toujours pas.